Raser gratis ? Cette expression viendrait d'un barbier qui avait placé jadis une pancarte proclamant ladite formule…Mais notre artisan, tout aussi fûté que près de ses sous, l'y laissait tous les jours. Par conséquent, le naïf qui, le lendemain du jour où il avait vu la pancarte pub, venait se faire raser ou couper les cheveux et qui s'étonnait de devoir quand même payer, s'entendait répondre : "Oui, mais il y a écrit que c'est demain que c'est gratuit !". Aujourd’hui encore, notamment en politique, les promesses des personnalités en vue n'engagent que ceux qui les écoutent sans faire appel à leur libre-examen…Ce n’est pas le cas ici. Où on s'efforce plutôt de manier le mot à couper la langue de bois .

vendredi 29 octobre 2010

Le Media-Boxing de Bart De Wever connaît désormais sa limite: c’est le grand retour du balancier …


                                                                     
                                                                               “Ce n’est pas un reproche, c’est juste un problème “ (de la phrase-culte de Bart De Wever appliquée à lui-même)


Cruel. Quatre mois sont à peine passés et c’est déjà, oui, souvent très cruel que de relire les promesses électorales d’avant le scrutin de juin. C’était le temps ou le CDH j’ t’unionfaitlaforçais et voulait un gouvernement illico presto parallèlement “avec un dialogue de communauté à communauté”. Ou Ecolo entendait investir, oui, massivement dans les transports publics (alors qu’on supprime encore, ben oui, des lignes aux TEC…) Ou le MR se voyait rester au pouvoir et promettait, évidemment fiscalement, du “ pouvoir d’achat”.
Ou le PS additionnait les milliards pour augmenter plein d’allocations et  pensions et qu’elles deviennent ” sereines”. Tandis que la N-VA, parti alors encore totalement ovni pour les francophones, martelait: “ Ce que nous disons, nous le faisons”.
Les échoppes politiques du marché électoral se doivent de faire rêver. Vendent toutes de la lotion pour chauve, plus ou moins concentrée en démagogie.
Après 140 jours stagnants, les promesses se sont largement évaporées mais l’usine à cosmétique n’en produit toujours pas moins à plein rendement. Cette fois de la crème faussement rassurante: à en croire ces esthéticiens politiques, le pays pourrait se payer une interminable crise institutionnelle en n'en souffrant que pouic.
Et puisque la stratégie soporifique à peine camouflée de divers partis et milieux influents est “d’user la N-VA”, et puisque politiquement on n’en est en fait nulle part (les négociateurs n’ont jamais même abordé le socio-économico-budgétaire) on fait comme si ce blocage des machines d’Etat pouvait continuer-durer fort longtemps sans conséquences aucunes. Comme si les coûts camouflés de cette crise n'allaient pas s'additionner un jour. Comme si on pouvait sans cesse décider de ne rien décider.
A s’en taper le front.
Et le réveil sera donc dur, dans une Europe budgétairement exigeante et qui vire, tendance lourde, à droite.
 Certes, plein d’indicateurs sont relativement bons, certes on pourra encore camoufler par astuces l’effrayant déficit réel de la Sécu, certes on voit s’alléger les perspectives d’austérité (vocabulaire de droite) ou de rigueur (vocabulaire dico de gauche). Evidemment, on a davantage parlé de la bogdanovée photo non-photoshopée d’Elio Di Rupo en cover de Télé- Moustique plutôt que du contenu de son interview: le président du PS, parti miraculé de la social-démocratie européenne, y livre pourtant une estimation new-sound
A savoir que, pour lui, il “faudra trouver un cocktail subtil de mesures” (hors consommation des ménages et investissements) pour “économiser 4,5 à 5 milliards par an”. Intéressant, car c’est bien moins que les précédentes estimations d’Yves Leterme (27, puis 22 milliards); même si, mine de rien, cela nous fait tout de même 200 milliards d’anciens francs belges l’an.
(Notez  au passage que c’est d’ailleurs ici une des techniques de com’ préférées de Bart: donner le refinancement de Bruxelles en vieux francs…)
Les plus finauds politiques le flairent, le perçoivent, le hument: après 137 jours, l’opinion publique, pas vraiment dupe, qui n'a aucunement besoin de Paul le Poulpe pour être clairvoyante, s’inquiète.
 Ce qui explique tout à la fois la démarche d’Albert 2 ( consulter le thermomètre de nos finances publiques, y compris avec le ministre-président MR des Finances), certaines interviews ( comme celle du présidentiable MR Charles Michel, prenant ainsi à contrepied les bombinettes d’Olivier Maingain) et la grande offensive de mauvaise humeur du MOc, de l'Union Wallonne des Entreprises ou des syndicats, l’influent boss de la CSC-ACV coupant, après la FGTB, toute vélléité de toucher à l’index comme le projette la N-VA.  “Puisque moi je suis de droite”, dixit Bart De Wever,  qui sait que les partis civilisés doivent, un peu partout en Europe, intégrer  de la “droite décomplexée “ à la formation des coalitions.
 Ce qui “n’est pas un reproche mais posera juste un problème” à la N-VA, lorsque certains ouvriers ou employés flamands syndicalisés, qui avaient déménagé-zappé leur vote en juin par enthousiasme flamand, s’apercevront qu’ils ont voté aussi pour un certain patronat.
Bart De Wever a trop pratiqué son sport favori, le media-boxing.
A force de multiplier les coups politiques successifs et contradictoires, à force de serpenter entre toutes les attitudes, de jouer au forçat de l’agit-prop pas toujours vraiment honnête, à force d’attaquer tout ce qui lui déplaisait, bref à force d’avoir pris ses adversaires pour des nuls, Bart De Wever , vient- uniquement de par ses propres excès- de connaître son premier coup de bambou en quatre mois.
Certes, il ne faut pas se leurrer: coup de bambou certes, mais pas de gong. De Wever est un talent politique redoutable et son karma flamand reste intact. Rien ne change sur le fond : la N-Va reste le fer de lance du patriotisme flamand.
Mais, pour son image, devoir ravaler sa demande d’urgence sur BHV, c’est une symbolique terrible. Pour la première fois, son slogan se brise. Puisque, sur ce dossier sacré qu’est BHV, la N-Va ne fait pas ce qu’elle a dit.
On ne s'en prend pas impunément, sans réaction, à tout ce qui vous déplaît : à la Banque Nationale, aux syndicats, aux autres partis, à un certain etablishment et , bien entendu, au Palais, qui s’est senti violemment attaqué.
Certes, le Palais s’est, de tous temps, bien plus méfié d’un séparatisme wallon que de celui qui soufflait au Nord.
Mais on ne nous fera pas accroire qu’au delà des relations qu’on dit “ pas désagréables”’ entre Bart et Albert 2, le Palais regarderait d’un oeil calcaire les volontés de la N-VA  républicaine et accepterait de tendre la joue droite lorsqu’on l’a durement souffleté sur la forme et le fond…Que le premier parti belge soit aussi républicain, et multiplie les initiatives pour mitiger le rôle de la Monarchie, on doute que cela laisse indifférent.
Ce pays est traversé par de grandes influences plus ou moins discrètes, des réseaux d’intérêts mélangés, des lobbys qui savent peser et ne jouent pas forcément au ping-pong, des pouvoirs nomenklaturés aux intérêts souvent très divergents. Mais qui, parfois, se rejoignent. Et connaissent eux, non pas l’usage du bazooka permanent, mais du plus subtil tirage de tapis sous les pieds. (Qu’on se rappelle le complot, pudiquement évoqué fin d’été par “De Tijd”, qui se serait tissé  avec l’appui de l’ex- grand patron Vaast Leysen)
En ces temps d’apaisement ou Johan Vande Lanotte se fait aussi habile que positif, tiens, à  la place de Bart, on considérerait que c’est plus que juste un problème.
Et qu’il existe toujours, en politique, une sortie par le haut.
 Un joli exemple du Media-Boxing de Bart: l'autre jour, il se dit indisponible à rencontrer Johan Vande Lanotte "en raison de circonstances familiales": pourtant, il déjeune longuement le même jour au Sénat entouré de quelques affidés.

mardi 26 octobre 2010

Milquet, la présidente aux pieds nus, avait juste posé pour illustrer le “grand écart salarial” (de la technique de com’ pour botter en touche)


 Ce n’est évidemment pas l’affaire du siècle, le surprenant photoshooting très star de Joelle Milquet, la “présidente aux pieds nus” (cfr Ava Gardner), pour l’hebdo féminin flamand à grand tirage “ Nina”.
Mais comme ce blog parle surtout de communication politique, on revient sur notre précédent post pour décrypter la manière dont la présidente du CDH- tout de même quelque peu ennuyée de voir ses pairs hésiter entre rire, stupéfaction ou consternation- tente de se sortir d’épaisseur .
Dans la gamme des multiples ficelles mises à disposition de tout politique (sortir la carte du “débat salutaire”, préférer traiter du “débat d’idées” ou rétorquer que cette anecdote “n’intéresse pas les vrrrrraies gens”…) Milquet a choisi, ce matin (26/10), au micro de Pascal Vrebos (“L’autre interwiew” de 8H40 sur Bel-RTL) la bonne vieille simplissime technique du “ je botte en touche”. C'est d'ailleurs idéal, une botte quand on a des pieds nus qui prennent médiatiquement froid...
Les photos ? dit-elle en substance. Mais quelles photos ? A peine si elle y a fait attention, Joëlle !
On retranscrit quasi mot pour mot:
  “ M’enfin, dit-elle, j’ai fait juste une interview sur l’écart salarial, tout à fait classique… Et j’ai simplement relu le journal pour voir si la journaliste avait bien reproduit nos propositions sur l’écart salarial. Il n’y avait rien de people dans cette interview !”
 Et comme Vrebos- qui, malgré ses efforts, obtient de moins en moins de réponses fraîches des politiques coachés à la com'- relance en s’étonnant du maquillage subtil et de la lumière de pro des clichés de “ Nina”, c’est à peine si Milquet a vu- même si elle a endossé quatre tenues différentes- qu’il y avait un objectif.
Des photos ? Mais quelles photos, voyons ?
 “On me dit , raconte-t-elle froidement, qu’ “on vient pour les photos”.
 “ Moi, je croyais que c’était pour cinq minutes: mais ils sont venus avec des projecteurs et des habits qu’il faut mettre… Et d’ailleurs ce n’est pas moi qui ait fait les éclairages !”

De fait, nombre de politiques n’ont pas encore pris vraiment conscience, dans leur communication, de ce que les réseaux sociaux ont fait s’effondrer certaines malignités: qu’on ne peut plus dire ou faire n’importe quoi dans un media du Nord, fut-il féminin et peu connu des francophones,  en tablant que ça passe inaperçu au Sud. 
Qu’on ne peut pas, comme Paul Magnette, traverser en 45’ le couloir qui sépare la RTBF de la VRT et déclarer des choses pour le moins très différentes.
Pour les clichés et les confidences de Milquet, ça porte, depuis le cas Virenque,  désormais un nom: c’est le syndrome d’ “à l’insu de son plein gré”. 
Presque un phénomène paranormal parfois.



lundi 25 octobre 2010

Parlement Wallon: pourquoi l’Ice-Watch peu écolo du frérot à Lutgen, c’est vraiment pas le top…


Il n’y a évidemment pas d’ “Icewatchgate”. On est loin, avec une facture de 13.400 euros pour quelque deux cents montres-cadeau, des 530.000 euros d’indemnités droits-zacquis indécemment empochés par José Happart, le prédécesseur d’Emily Hoyos, actuelle Présidente (Ecolo) du Parlement Wallon…
Ce qui est sûr, par contre, c’est que le médiocre est très au rendez-vous.
Déja, première gaffe, lorsqu’on caresse le projet d’offrir une tocante-bof aux ministres wallons et aux parlementaires-fonctionnaires du Grognon, on évite évidemment, en ces temps d’éthique soupçonneuse, de choisir pour fournisseur “ Tonton & Lulu”, entendez la boîte de gadgets publicitaires du Lutgen frèrot à Benoît, ministre CDH wallon des Travaux publics, de l'Agriculture, de la Ruralité, de la Nature, de la Forêt et du Patrimoine de la Région wallonne (ouf).
Même si, en l'occurrence, le futur président du CDH s'est évidemment gardé de la moindre intervention:  il n'y a que les initiés à savoir qu'entre les deux frères Lutgen, c'est vraiment tout, tout sauf le grand amour. Et c'est un euphémisme.
Ensuite, c'est évident qu’il s’en tape financièrement, Jean-Pierre Lutgen d’une commande aussi riquiqui: il en écoule déja 400.000 par mois à travers le monde de ses montres-jackpot, alors vous pensez…
Ce qui compte beaucoup pour son entreprise, par contre, c’est l’image: car son "Ice-Watch", qui n’est jamais que du pur marketing mode greffé sur une montre chinoise très basique doit, pour prospérer, conquérir à tout prix le poignet des personnalités. Et pas n’importe lesquelles : de préférence des “people” des planètes des top-models plus ou moins tops, de la Formule 1, 2 ou 3, de la création branchée ou de la pop…Bref, du monde des branchés et des magazines papier-glacé à potins de stars ou starekes. Des prescripteurs parfois dûment rétribués pour arborer par contrat, comme le célébrissime DJ David Guetta, la dite “ Ice-Watch” (dont le nom par trop ressemblant a d’ailleurs fait  l’objet d’un “coexistence agreement” avec Swatch).
 Côté belgo-belge, Jean-Pierre Lutgen pourra donc, après avoir offert une de ses montres plastoche à Yves Leterme, au Prince Philippe et à Miss Vlaams Brabant se vanter d’être désormais fournisseur du “Parlement Wallon” (comme gravé jusqu’au ridicule sur les fameuses 200 IceWaches) qui les a achetées, c'était-une-affaire-sais-tu, “avec ristourne”.,
Deuxième gaffe: convaincue par on ne sait qui, Emily Hoyos choisit, elle, en bon Ecolo, uniquement des "Ice-Watches" de…couleur verte  comme le démontre (en exclusivité wallonne :-), la photo de l' "Ice-Watch  parlementaire ".(nous n'avons qu'une photo du verso) Pas le jaune et rouge du coq officiel wallon, censé fêter parlementairement ses 30 ans. Pas du tout le code graphique wallon que Rudi Demotte a tout récemment décidé d'imposer (progressivement) sur  tout le matériel administratif issu d'une quelconque administration du gouvernement de la Wallonie. Un vert qui, nous dit-on, "découlerait du fond d'écran du site du Parlement Wallon et usuellement utilisé" mais qui, côté cadran, est pourtant vachement flashy.
Bref, la montre wallonne ne l'est guère même si on sourit déjà à l’idée de l’assemblée de nos représentants wallons du peuple.Assemblée ainsi uniformisée autant que  presque ridiculisée par ce gadget éphémère devenu “cadeau commémoratif officiel”. (certes, on est très cool au Parlement Wallon- puisque Benoît Lutgen va jusqu'à faire la bise à la wallonne aux MP's de faction à l'entrée- mais bon...)
Troisième gaffe de l’Ecolo Emily Hoyos: ce produit, de fait plus moderne qu'une assiette en étain des Postainiers Hutois, n’a rien de très wallon et son empreinte écologique ne doit pas être  triste.
L’"Ice-Watch", très basique de chez basique dans ses entrailles (aucun brevet n'a pu d'ailleurs être déposé), est  fabriquée  par centaines de milliers d'exemplaires et au très moindre coût à Shenzen dans des chaînes de montage évidemment chinoises, seule une bonne dizaine de personnes gérant, à Bastogne, répartition des containers, marketing «montre/couleurs flashy/boîte sympa» et excellentes finances (50 mio de chiffres d'affaires). N'est pas Nicolas Hayek qui veut.
Et puis, la vraie question : zavez déja tenté de mettre une "Ice-Watch" au poignet ?
Cela a beau être très tendance sur les plages ou dans les boîtes branchouilles, c’est bling-bling si pas bling-blong, un brin farfadingue, épais comme un belon, coloré comme une pub de chez Wibra, fragile comme un siège parlementaire apparenté au niveau bracelet. Pas clâsse .
Bref, un truc assurément sympa, gai et ludique mais symbole aussi de tout ce que notre société d’hyper consommation porte comme valeurs trompeuses et éphémères.
Pour un Parlement, c’est donc pas le top, Emily.  Ni même le tip-top.

samedi 23 octobre 2010

Politique et people : Joëlle Milquet veut séduire la Flandre en balançant ses hauts-talons pour la séance-photo de “ Nina”…


Quelles sont les limites du people à ne pas franchir par une personnalité politique ?
Si une part est assurément positive (l’électeur  peut mieux comprendre les multiples facettes de la personnalité pour laquelle il vote) quand cela vire-t-il négatif ? Au détriment même du “politique”, cet art si mal considéré aujourd’hui …
Le débat, qui fut récemment agité par Michel Daerden ( sa mise en scène romaine avec sa fille Aurore) ou Jean-Michel Javaux (ses confessions sex, drogue et rock’n  roll) vient de ressurgir de par le “coup media” de Joëlle Milquet.
Qui vient de s’adjuger rien de moins que la “cover” du magazine flamand “Nina”, le supplément hebdo du plus grand tirage de la presse flamande, “ Het Laatste Nieuws”.
A l’instar de ses collègues présidents de partis francophones, celle qui préside encore aux destinées du CDH ne récolte aucune voix en Flandre.
Donc, l’objectif ici est clairement de modifier une image telle qu’on la perçoit au Nord : celle de “Madame Non”. Et, de fait, le magazine présente Joëlle Milquet “ comme on ne l’a jamais vue” et sous une accroche de couverture  théoriquement  peu racoleuse (Vicepremier Joëlle Milquet).
Car si le titre est aussi gai qu’une “Une” du “ Moniteur Belge”, il est assorti d’une déjà étonnante première photo : Joëlle Milquet posant à califourchon sur une chaise, tailleur camel et pieds chaussés de lacets dits à la tropézienne. Des hauts-talons que Joelle envoie illico valdinguer en pages intérieures pour poser cette fois, en double page, les pieds nus, grosse montre d’homme au poignet, dans un élégant tailleur devenu gris chic…
Au total, huit  clichés photoshootés par le talentueux Wim Van Genachte selon tous les critères du reportage photographique de mode, maquillage et éclairages subtils à l’appui, la présidente du CDH se prêtant au jeu de la garde robe bcbg, sautant du costume féminisé au  gros pull-manteau-tricot sur fond d’Eglise, si,si, en lointain…
Un reportage proche des moeurs des médias du Nord (ou les personnalités politiques acceptent aisément de jouer au “ Bekende Vlamingen”) mais encore éloigné du ressenti francophone. 
Certes, on a vu déjà, de par le passé, des politiques bien de chez nous se prêter à des séances-photo pour le moins parfois incongrues, mais assurément pas dans une telle période de crise. Ou l’homme de la rue aspire plutôt à du sérieux et du sens des responsabilités. Ici, c'est clairement la période choisie pour ce photo-reportage qui peut faire problème. Et on s'étonne que nul, au sein du premier cercle de Milquet, ne lui ait dit "stop".
Joëlle Milquet doit pourtant avoir eu conscience du danger puisqu’elle prend soin de préciser  en substance, dans l'interview, qu’elle avait quelque réticence et “qu’elle ne voulait point trop s’exposer” .
Je fais de la politique. Point”, martèle-t-elle avant  de se découvrir les petons et d’ôter ses élégantes chaussures lacées, style (pour les connaisseurs) des célébrissimes marques Rondini et K Jacques
Bizarre: il y a comme une curieuse contradiction de communication entre l'interview, très banale somme toute, assez contrôlée, et un reportage-photo délire en total décalage. De fait – le magazine “Nina” étant positionné très lifestyle féminin- Joelle Milquet y parle abondamment (avec raison) du “terrible monde macho” qu’est la politique, n’apprécie guère qu’Yves Leterme ait  accepté une biquette surnommée “Joëlle” (“ Moi, je n’appellerais jamais un chien Bart ! “) et précise à l’occasion qu’elle a d’ailleurs craqué pour un deuxième bichon ( après Laïka, cinq ans, c’est Luna qui fait la joie de ses enfants, la “priorité de sa vie” : Clara (8), Sacha (11), Laura (16) et Raphael (18)).
Lesquels, grâce à la crise politique, ont d’ailleurs pu voir bien plus que de coutume leur maman: qui a fait elle-même les achats d’une rentrée scolaire “parfaite”, leurs cahiers n’ayant jamais été aussi parfaitement recouverts…
Joelle, adepte du fitness et de la natation, ne souffre par ailleurs, confie-t-elle au lecteur du Nord, d’aucun problème d’insomnie. Par contre, la voici pas très à l'aise avec son âge : "Cela me déprime un peu, avoue-t-elle. Je dis toujours que j'ai le même âge qu'Obama et que je suis plus jeune que Madonna..."
Une révélation au passage : la présidente du CDH n’oublie jamais la date-anniversaire de Didier Reynders (le 6 août) et ce même si elle est en vacances à cette date !
Si elle apprécie Pieter De Crem, Wouter Beke, Inge Vervotte et Herman Van Rompuy (ben oui, la famille social-chrétienne, ça existe toujours ), Joëlle Milquet nous livre son petit hit-parade perso quant à l’homme politique “le plus craquant” de la rue de la Loi.  
 Si elle juge que Kris Peters a du charme, de même que Stefaan DeClerck “à sa manière”, c’est vers les libéraux flamands que se tourne Joëlle: à savoir les beaux garçons que sont, à ses yeux, Matthias De Clercq et –surtout- Alexander De Croo, “qui aurait pu être acteur".
Quand on vous le disait, que ce n’était décidément pas la semaine de Paul Magnette.



MILQUET, PIEDS NUS EN PERIODE DE CRISE (VIDEO de "SANS LANGUE DE BOIS")

jeudi 21 octobre 2010

De la gaffe politique : comment Paul Magnette risque d’attraper un sparadrap mediatique germanique


C’est fascinant, la gaffe politique.
 De découvrir comment un homme politique, théoriquement roué à tous les exercices, à toutes les mille ficelles de la communication, se met subitement à déraper, à ne plus vraiment contrôler ce qu’il dit. Pire: en arrive à ne même plus prendre conscience de la bourde qu’il fabrique joyeusement lui-même en toute inconscience.
 Il y a d’ailleurs plusieurs catégories de gaffes: celles qui font juste sourire et s’évaporent illico, celles qui en arrivent à rendre leur auteur encore plus sympa, celles qui vous collent désormais à la peau comme un sparadrap éternel. ( Dans les plus récents sparadraps indécollables: la “Brabançonne-Marseillaise “de Leterme, le “déjeuner chez Bruneau avec Bart” pour Reynders…)
 La bourde a d’ailleurs ses règles en communication: la gaffe politique est presque toujours une gaffe médiatique. Soit l’homme politique juge mal le cadre dans lequel il s’exprime, soit il apprécie mal la portée du contenu de ses propos – qui sont le plus souvent une conviction intime- et le contexte dans lequel ils débouleront, provoquant émoi, ricanements, moqueries ou indignations.
 C’est clairement dans ce dernier schéma qu’il faut situer les étonnantes bourdes de Paul Magnette. Qui n’en finit décidément pas cette semaine d’abîmer subitement son crédit de très bon communicateur ( 3ème aux Lobby Awards) en s’emberlificotant dans des déclarations pour le moins bizarroïdes…Et forcément, inévitablement dans le climax actuel, montées en sauce.
 Premier épisode: l’envoyé habituel et bilingue du PS dans les studios mediatiques du Nord du pays s’efforce de rattraper la mayonnaise communautaire,  développe un discours dessiné à la courbe rentrante pour prôner la poursuite du dialogue avec Bart et associés.
 Certes, l’observateur attentif a depuis longtemps photographié que les politiques francophones bilingues (Reynders, Melchior Wathelet Jr, Louis Michel,  etc…) modifiaient, amodiaient -tiens- tiens  quelque peu leur discours lorsqu’il s’adressaient directement à la Flandre. Mais Magnette fait vraiment très fouette cocher et stupéfie son monde: d'une part en ne disant pas du tout la même chose entre 7h30 et 8h30 "en traversant le couloir" à la RTBF-VRT. D'autre part, en affirmant soudain que le texte de Bart De Wever, honni et vomi depuis dimanche soir, qualifié d’honteusement “unilatéral”, était à 90% un copié-collé de la proposition de compromis du… pré-formateur Elio Di Rupo. C’est la kermesse aux pourcentages: si la note de Bart intègre 80% des propositions de la N-VA et 90% des brouillons de Di Rupo, c’est que, concluent les facétieux, Di Rupo avait intégré 100% du programme des indépendantistes-nationalistes…
 Bref, tout et son contraire. Et jusqu’à l’absurde puisque contrairement à une tarte du meilleur pâtissier du Boulevard Tirou, un texte ne peut se découper en pourcentages. Même si on comprend qu’il s’agit surtout d’une relance politique et que De Wever a repris en fait, pour construire sa proposition minimale, l’ “architecture” des défuntes propositions de compromis de Di Rupo.
 Deuxième épisode: généralement chargé d’anticiper et de faire asavoir ce que le président du PS pense in petto, Magnette multiplie, du coup, les interviews à tout va pour s’expliquer. Et là, au détour d’une question de Martin Buxant et Francis Van de Woestyne pour “ La Libre”, on sent que le politologue, le prof’ d’univ, se laisse aller, cumulant curieusement les boulettes de com’.
 D’abord, il déforce quelque peu le “plan B” ( Belgique résiduelle sur base de la Fédération Wallonie-Bruxelles) , censé, dans la communication du PS, être la menaçante solution de rechange en cas de “révolution des gaufres”. Solution qui aurait surtout besoin d’être confortée pour que Bart et les autres partis flamands y voient autre chose que de la musculation.
 Ensuite, il y va d’un p’tit coup de mépris vraiment inutile pour les partisans d’un rattachement à la France, lesquels, pour être certes discrets, n’en sont pas moins respectables. Et des électeurs potentiels qu’il vaut mieux en tout cas ne pas froisser: ne fut-il pas un temps ou le Rassemblement Wallon fut le deuxième parti à Charleroi ?
 “Quand je vois la situation en France, je comprends qu'il n'y ait plus que trois rattachistes en Wallonie”, lance pourtant le nouvel homme fort de la Métropole.
 Et Magnette de juger “ridicule” de vouloir être rattaché à un pays qui, à ses yeux, “a une culture aux antipodes de la nôtre”.  Et de parler à ce sujet de l'absence de concertation sociale et de l'autoritarisme gouvernemental dans le dossier français des pensions. Ce qui n’est pas faux mais n’est évidemment lié qu’à une présence politique: celle de Sarkozy. La photographie n’est que momentanée et ne vaudra peut-être plus demain, sous Aubry ou Strauss-Kahn. C’est maladroit itou car, même si l’idée rattachiste ne tient pas la route aux yeux de Magnette, c’est surtout nier cette culture commune qui fait que nous pensons, rêvons, raisonnons en français, que nous lisons en français, que nous zyeutons en français…
 Passe encore donc mais voila que le futur président du PS, piqué par on ne sait quelle mouche, se grille vraiment en rajoutant la couche la plus suprenante.
 “Si on doit se rattacher un jour, ce sera plutôt avec l'Allemagne. C'est plus dans l'intérêt industriel de la Wallonie”, poursuit-il.
 Ouhla, on devine effectivement que le futur Président du PS cède à ses travers de politologue et est intimement persuadé que le système fédéral allemand, décentralisé, privilégiant la négociation sociale, est plus proche du nôtre que l’élitiste centralisation à la française.
Sauf que le hic de com, c’est que l’Allemagne n’a, même si c'est injuste, vraiment rien de glamour dans l’imaginaire collectif du francophone wallon ou bruxellois.
 Que ça lui évoque le plus souvent, à tort, les clichés grotesques des fêtes de la bière et de “ Holia u-i-ri, djo ha-i-ri “ chantés à tue-tête. Et que la mémoire collective des familles est toujours souvent marquée  par le passé. Comme le dit Yves Leterme cette semaine dans Humo à propos de ses parents : “ Des conversations de mon enfance, je me souviens de la haine des Boches et de certains nationalistes flamands qui s’étaient associés…”
 Certes, ces références à 40-45 et aux “ Boches”, pas si anciennes que ça dans l’histoire, sont aujourd’hui totalement dépassées mais voila, lorsqu’on est politique de premier plan mediatique, on fait tout de même  prudemment gaffe à ce que l’on peut susciter chez l’homme de la rue de Wallonie. Lequel wallon n’a généralement aucune envie, hormis Derrick , d’avoir grand chose de commun avec les allemands. Et l’Allemagne marchant de pair avec la Wallonie et Bruxelles, on a vu moins farfelu.
 Il est des gaffes qui laissent une trace: et Paul Magnette risque fort d’hériter pour longtemps d’un indécollable sparadrap mediatique germanique et d’une désagréable  image de culotte de peau.
 Comme quoi l’homme politique, fut-il aussi malin que Paul Magnette, a souvent intérêt à faire autant de bruit qu’une chenille sur la mousse à raser de Dr House.


mercredi 20 octobre 2010

Bart De Wever, champion de la com' et de la Flandre: une forme d’imposture médiatique permanente…


Bart De Wever ne joue pas à la roulette russe mais à la “roulette belge”, celle ou il y a une cartouche dans chaque alvéole du barillet.
L’inattendu objectif semble désormais de plus en plus lisible: redonner, à plus ou moins brève échéance, la parole aux urnes.
Histoire que sa vague électorale de juin dernier vire tsunami. Avec l'espoir de raboter encore davantage ses concurrents tétanisés. Avec l’ambition de pouvoir se renforcer jusqu’à s’appuyer carrément, directement ou indirectement, sur la moitié des députés du Nord. Histoire de remettre le compteur des négociations à zéro, dans une autre démarche. Et accessoirement de mieux composer ses listes électorales, notamment par de nouveaux transfuges., avec les élections communales de 2012 en ligne de mire…
Jan Callebaut, (Synovate) le “marketer” de Leterme, en est persuadé  comme bien d’autres: “ La N-VA a désormais la certitude que son succès n’était pas une poussée éphémère et on revotera en janvier, passée la Présidence Européenne”.
Bart en arrive à faire se planter Magnette, pourtant as de la com'
Quelque peu isolé il y a peu, Bart a désormais réussi cet incontestable coup de génie que de rassembler les flamands, tous partis confondus, derrière sa note et sa houlette. Ca y est, c’est fait: le voici désormais hissé au leadership de toute la Flandre. Se préparant plus que jamais à un “rôle historique”.
Il est des images qui en disent long. Comme celle de Bart De Wever, au Sénat, donnant dimanche dernier une conférence de presse de plus mais, détail curieux, derrière une barrière de cordon rouge. Tenant caméras et journalistes à distance. Du bon gros cordon séparateur comme on en voit dans les musées, lorsque le Conservateur du lieu entend protéger ses objets précieux de l’inlassable curiosité tactile du public. Le genre de matériel qu’en notre pays n’importe quel conseiller de com fait généralement virer vite fait, tant cela risque de faire prétentieux. Cela n’a nullement dérangé De Wever, dont on n’a sans doute pas assez épinglé la petite phrase par laquelle il se considérait l’autre jour comme “au-dessus des partis”, comme impérial au-dessus de la mêlée.
Une image qui relie directement le leader politique au peuple, supplantant tous les partis, au dela de tous les petits jeux politiciens, qualifiés d’ailleurs par Bart d’ “enfantins”. 
C'est la figure, chère aux nationalismes, de l'homme providentiel, du patriote en prise directe avec l'opinion de son peuple. Il y a là  une démarche personnelle parfumée, toutes proportions gardées, à l’esprit du Général De Gaulle ou du Général Boulanger dont le mouvement, porté par les urnes, ébranla la Troisième République avant, qu’exilé, il ne se suicide au cimetière d’Ixelles.
Et on est aussi interpellé, à la lecture, par cette anecdote de Bert Cruysmans, l’humoriste flamand, qui confie qu’après avoir vu son spectacle fin 2009, De Wever était venu se plaindre “qu’on n’y parlait pas assez de lui”
Ca ne vous a jamais frappé, vous, que le respectable engouement de Bart pour l’époque romaine (voir la fascinante video de son récent mariage à l'antique) déborde désormais à ce  point dans notre vie politique ? Qu’il use et abuse du latin pour marquer désormais chaque étape de son parcours ? Que l’on soit soudain obligé de se précipiter sur les pages roses du dico ou de wikipédier pour deviner le sens caché de ses latines maximes ? On est loin ici des“haïkus” anecdotiques d’Herman Van Rompuy: c’est comme si l’adepte de Cicero ( “le premier devoir d’un homme politique est de se rendre populaire”) traçait sa route selon une vision qui lui fait donc troubler tous les codes politiques, bousculer tous les protocoles, provoquer toutes les contrariétés (comme relancer illico BHV dès sa note désavouée ).
Ce n’est donc pas par hasard si Bart De Wever a reçu hier le premier prix “Lobby” de la communication politique: s’adjuger la confiance de 70% des flamands, amener les autres partis du Nord à devoir coller à la N-VA, miner de plus en plus -CD&V aidant- le chemin d’Elio Di Rupo vers le 16 rue de la Loi, forcer les partis francophones à devoir justifier et amodier un refus perçu par l'opinion comme une erreur, c’est effectivement très fort.
Et c’est vrai que les “partenaires de confiance” présents à la table des négociations n’ont  pas formidablement communiqué pour ce qui est de l’inacceptable de la note De Wever.  Difficile exercice, souvent technique, là ou l’habile com’ de De Wever (avec un texte loin de toute révolution copernicienne) avait réussi à susciter, au Sud, l’espoir d’un bon vieux compromis à la belge. C'était d'évidence un trait de génie que de déposer, lui, un texte dûment écrit. Qui est apparu à beaucoup comme un élément enfin concret dans le jeu par trop fumigène des négociateurs. 
C’est Wilfried Martens qui se réjouissait de ce que “seuls  un petit nombre d’initiés comprennent parfaitement les textes “ de la loi de financement. Que “pratiquement personne n'en connaît les mécanismes sous-jacents, tout en jurant leurs grands dieux que le système est équitable…” Et Jean-Luc Dehaene de renchérir en expliquant “ que certains problèmes ne pouvaient être résolus que par des textes compliqués et accessibles à un petit nombre de personnes”.
Alors, aller expliquer, communiquer à l'homme de la rue francophone pourquoi les 50 pages de Bart auraient des conséquences financières conséquentes, sinon désastreuses à long terme, c’est pas vraiment du gâteau. Et Paul Magnette, pourtant excellent communicateur ( à preuve, sa 3ème place au classement “Lobby”) s’est d'ailleurs, en jouant avec les pourcentages, joyeusement et totalement planté à l’exercice.
Lequel est pour le moins périlleux puisque le “clarificateur”, en négociant son texte avec lui-même, avait habilement repris- en l’additionnant de poivre noir et jaune- la sauce et  l’”architecture “même du pré-formateur Di Rupo, déjà lourde de pas mal d'importantes concessions francophones .
Une chose est certaine: c’est que, après quatre mois passés à mieux cerner l’homme De Wever, les négociateurs francophones, tous partis confondus, ont largement appris à intégrer ses multiples langages,  ses paradoxes faits pour troubler ou imposer, ses engagements aussi momentanés que volatils,  ses stratégies en illusion d’optique. Bref, on continuera peut-être à négocier mais sans illusion aucune.
Bart De Wever est un as de la communication, c’est sûr: mais c’est aussi, à l'instar du nationalisme, une forme d’imposture médiatique permanente.

Paul Magnette (N° 3 de la com derrière De Wever et Di Rupo) aux côtés du PTB Raoul Hellebaut (mention spéciale)
( photos  Eric Herchaft/Reporters )




BART DE WEVER RECOIT SON PRIX

vendredi 15 octobre 2010

Le "teasing" de Bart De Wever, goinfre politique: la NV-A croit-elle vraiment pouvoir imposer simultanément toutes ses visions ?

 Faire de la politique fédérale rue de la Loi, c’est désormais comme ramper dans un tunnel de barbelés acérés.
Allez, franchement, au delà des déclarations convenues, au delà de la proposition "au dessus des partis"  annoncée gaullistement par  le "clarificateur", peut-on encore imaginer qu’ils gouvernent vraiment ensemble ? Vous le voyez naître, ce qui est une chose, et puis fonctionner, ce qui est tout autre chose, ce gouvernement Di Rupo-Muyters ?

Si ça n’a pas marché dans les semaines d’après élections, lorsqu’ils s’entendaient ou faisaient semblant d’y croire, pourquoi cela fonctionnerait-il subitement, alors que l’un pense pis que pendre de l’autre et inversement?
Il se dit que le Palais garde soigneusement en réserve une carte plus impressionnante que les nouvelles appellations, de plus en plus fantaisistes, des chargés de mission royaux successifs: convoquer ce fameux Conseil de la Couronne composé de tous les Ministres d’Etat. Carte jusqu’ici jamais abattue car effectivement non sans risques, à l’instar de l’idée de la grande Consultation populaire, dont les modalités (régionales) s’affinent, sinon se dessinent pourtant discrètement.
On n’en est donc pas encore là: on se contente de vivoter à un rythme maniaco-dépressif en attendant Bart, ou plutôt le rapport que le boss de la NV-A déposera hors "du chemin des solutions compliquées". Un document curieusement annoncé par un communiqué de presse aguichant  en forme de teasing, de bande-annonce politique et qui ne sera sans doute pas du mou pour le chat. 
Ce n’est pas le genre de De Wever, qui a voulu décrocher ce rôle, que de jouer les utilités. Surtout si le projet ultime est le reboot via de nouvelles élections. Ce qui l’est, par contre, c’est de se servir du rôle pour reprendre l’avantage en déplaçant son jeu  vers ce qui est censé assurer la pérennité à long terme de la NV-A dans le paysage flamand: à savoir une politique économique et éthique marquée à droite. Marquée par la logique nationaliste, entendez un certain égoïsme économique. Ce même état d’esprit qu’on retrouve dans le Nord de l’Italie-Padanie ou en Catalogne.
Et qui explique, fait mieux comprendre à lui seul la toute grande méfiance des wallons et des francophones. Puisque dans la réorganisation électrochoc du pays- et loin d’être paradoxalement forcément idiote- prônée par De Wever, le hic est que  toute solidarité dépendrait  largement de… la seule bonne volonté des partenaires confédéraux.
Nouvelle question: vous croyez, vous, qu’une telle bonne volonté serait formidablement présente au Nord du pays,  avec ou sans la NV-A ?
Que reste-t-il d’ailleurs des derniers flirts belgicains de la campagne électorale ? Le CDH s’efforce de faire oublier le slogan (“L’Union fait la force”) le plus à côté de la plaque de l’histoire de la communication politique, MR et Open VLD vivent leur vie carrément l’un sans l’autre; PS et SPa, qui refaisaient presque le PSB en évoquant une “coupole commune", sont en cure de refroidissement, Caroline Gennez- qui positionne désormais le SPa comme un “parti du centre à gauche du centre”- n’appréciant  que peu de se faire traiter de “petite formation presque alignée sur le SPa”.(dixit Moureaux) Quant au tandem Ecolo-Groen, cela a finalement compliqué les choses puisqu'on ne sait toujours pas vraiment si les Verts sont intéressés au pouvoir au delà de l'institutionnel, d'où une balance dont on peut objectivement comprendre qu’elle soit trop déséquilibrée  pour la conservatrice NV-A.
C’est désormais clair: Bart De Wever adore, en bon tacticien-historien, diviser, perturber pour régner. Mais si, dans sa proposition  ("de vastes négociations devront être entamées sur la politique sociale et économique, sur l’assainissement des finances publiques ainsi que sur la politique en matière de cohésion sociale", bande-annonce De Wever) il change son accent tonique pour le porter sur une ligne économique drastique, sûr que clarification par l’absurde il y aura. Et qu’il a toutes les chances de se faire envoyer par d'aucuns chez Plumeau.
 Vouloir tout à la fois imposer en même temps une réforme de l’Etat très systémique et une politique socio-économique très colorée à droite, c’est un objectif pour le moins goinfre pour un seul parti. 18% des voix fédérales, c’est certes beaucoup mais c’est aussi bien trop peu tout à la fois.
Il est à la mode de répéter que Bart De Wever n’est pas Yves Leterme puisqu’il ne cultive  pas, lui, en bon patriote de la Flandre, le rêve assez égotiste d’aller s’asseoir au 16 rue de la Loi. C’est vrai: il n’empêche que, dans le dossier BHV, on a bien vu, à la Chambre, que, face aux attaques cruelles du Belang et de Jean-Marie De Decker, la NV-A avait grand usage de la gomme à effacer tout sourire.
Si on y réfléchit, Bart De Wever n’a  gagné les élections qu’en répétant et amplifiant  à l’intersidéral les promesses déjà à la gonflette d’Yves Leterme cru 2007. L’électeur flamand a voté à nouveau pour un parti manufacture de serrures censé lui ouvrir,  cette fois en même moins que 5 minutes de courage politique, toutes les portes du paradis jaune et noir de l’autonomie flamande.
Comme si les francophones n’étaient pas très défensivement armés par les trois solides cadenas constitutionnellement arrachés en 1970: parité gouvernementale (pourtant conçue à l’époque…en faveur des flamands), majorités spéciales aux deux tiers et, surtout, cette sonnette d’alarme qui  réduit toutes les mandolinesques propositions de loi sur la scission de BHV à un événement surtout médiatique…
La stratégie de Bart De Wever, qui fera sourire d'aucuns puisqu'il demande cette fois que " tous les acteurs soient honnêtes sur leurs intentions", est toujours aussi insaisissable qu’une anguille dans un baquet d’huile. Mais, même avec ton d'homme d'Etat, elle ne le mène désormais plus à grand chose tant qu’il n’admettra pas que- sauf improbable “révolution des gaufres” qui ferait de lui le Vaclav Havel de la Flandre- il lui faudra d’abord apprendre un verbe tout simple: négocier. Réellement.


mardi 12 octobre 2010

Ce qu'a vraiment dit De Wever sur les "nains de jardin"...

L’honnêteté intellectuelle commande de se garder de remplir son esprit, comme le disait Descartes, de pensées erronées. Un exemple frappant ?  Le Net déborde, ces jours-ci, de commentaires affirmant, en gros, que Bart De Wever (dont on doute qu'il ait vu Amélie Poulain) aurait insulté les francophones en les qualifiant de "nains de jardin"... Raccourci saisissant de désinformation que j'ai même, samedi, retrouvé dans un quotidien pourtant de référence comme "Le Soir".
Bart De Wever, de fait parfois pour le moins peu amène vis à vis des francophones, n'a pas dit vraiment cela et ses propos visaient plutôt en fait à mettre à égalité flamands et francophones dans l'incompréhension "interplanétaire".
Lisez plutôt:
" Les transferts de compétences, pour les francophones, ce sont des pas de géant; pour nous, ce sont des pas de nains de jardin. Quand on parle de BHV, c'est l'inverse: pour nous ce sont des concessions très importantes; pour les francophones, ce sont des pas de nains de jardin..." ( la video est ici)
Y'a comme plus qu' une nuance, non ?

NB: les "nains de jardin", c'est surtout un sujet sensible Outre-Quiévrain (voir cette video)

vendredi 8 octobre 2010

Médiacratie : c’est un enfant de la télé qui joue au papa de la Flandre (en attendant la “ Révolution des Gaufres”)


A-t-on assez photographié combien la politique belge a viré “people” ? 
Au point que la publication-compilation de certains “off” journalistiques, plus révélatrice que bien des analyses de politologues, mais jugée un peu hard par une société belge devenue politiquement douillette, en arrive aujourd’hui à presque gommer les enjeux de fond ?
Au point qu’il faut souligner et rappeler -puisque c'est très méconnu au Sud - que l’homme le plus important du pays l’est en grande partie grâce à… un jeu télévisé ?
Si la NV-A, en négociations, est dans l’impossibilité de donner quelque réponse quant au coût, au fonctionnement, aux conséquences pratiques de ses exigences, son leader, Bart De Wever peut par contre, lui, brillamment tout dire aux télespectateurs flamands de Laurent Nkunda (rébellion au Congo) ou de la physique quantique.
Car Bart de Wever fut, semaine après semaine, en 2009, un  redoutable “quizzer” du “ Slimste Mens” ( L’homme le plus intelligent), le jeu très regardé de la VRT.
Par son humour à froid, sa culture, son côté bien-de-chez-ons, Bart  y gagna non seulement- quoiqu’il tempère le phénomène aujourd’hui- une popularité, mais aussi  ce bonus hyper-précieux pour tout candidat qu’est de se faire apprécier sous un tout autre angle que celui du pur politique si déprécié.
Certes, De Wever a du talent et du charisme, certes Yves Leterme l’a  puissamment aidé en devenant la risée du pays:  il n’empêche qu’il faut toujours se rappeler que c’est une grande première en ce pays qu’un jeu télé contribue ainsi à faire soudain d’une toute petite formation le premier parti du Royaume. Avec une flopée de parlementaires inconnus qui ne doivent pour une grande part leur siège qu’au fait d’avoir été portés par la vague de popularité du “Slimste Mens”.
La Médiacratie pointa jadis le nez en Flandre avec Jean-Pierre Van Rossem, le fumeux-escroc milliardaire. Depuis, selon la formule consacrée au Nord, il y eut le phénomène D.D.D.
Entendez, les trois D comme Dewinter (Vlaamse Blok-Belang), Jean-Marie De Decker (éphémère succès du LDD) et De Wever, l’aventurier de la  surnommée “Nieuw Vlaamse Avontuur”. Tous des enfants des medias et de la télé.
Avec d’ailleurs les recettes à succès ad hoc. Prenez n’importe quel discours de Bart De Wever, à commencer par celui ou, pour sortir du labyrinthe ou il se trouvait un peu perdu sans les libéraux, il annonce qu’il retourne cata-carrément à l’entrée. C’est toujours, au dela du crash négatif, une com’ finalement optimiste, toujours positive, en laissant inévitablement briller tout plein de lueurs d’espoirs. Un truc dont la griffe, la paternité revient, selon ses anciens collègues de la VRT, à Siegfried Bracke, le nouveau ténor médiatique de la NV-A.(voir la vidéo ou il contrôle la com) Qui, lorsqu’il gérait encore l’info à la télé flamande, positivait déja à tout va, "même si Wall Street s’écroulait en cendres". Une recette que Bart applique d’évidence à la lettre, en arrivant ainsi à dire forcément tout et son contraire. A s’étendre, par exemple, sur toutes les concessions qu’il fait. A l’en croire aussi énormes, aussi impressionnantes que le monstre du Loch-Ness: mais que nul ne voit réellement non plus.
A-t-on aussi fait attention au vocabulaire ? A tous ces mots qui créent , en psy, la “figure du père” ?  Si, l’autre jour, De Wever qualifiait ainsi avec paternalisme les négociations de “jeux enfantins”, il en a dit bien d’autres du genre: c’est récurrent dans son discours. Comme expliquer que la Wallonie c’était, dans le fond, une sorte de “Tanguy” à la Chatiliez .
 “Une région grand dadais à qui les parents ont payé un appartement mais qui préfère rester, à 30 ans, dans le confort et à charge de ses parents”, a-t-il un jour lâché en substance.
Bart,  ça se veut donc quelque part le “papa” de la Flandre. Ou, à tout le moins, pour les flamands "quelqu'un de bien de chez nous", qui les représente fort bien. Avec un côté “boss”. Celui qui fait un peu la leçon à tout le monde, qui bouscule (pas toujours à tort) tous les protocoles, qui se fiche de son propre Médiateur Royal et annonce himself qu’il se rendra au Palais comme si c’était une étude notariale chargée de prendre acte de sa décision.
Certes, ce ne sont pas des actes très lourds de conséquences, encore que, sur ce coup-ci, Albert 2  ait montré clairement par sa surdité qu’il appréciait peu que Bart veuille dicter son agenda.  Mais cela en jette en tout cas assurément un max auprès d’une certaine opinion flamande: même si on est loin  de cette “Révolution des Gaufres” * qui le verrait entrer dans l' histoire comme le Premier Président d'une Flandre autonome.

* " Révolution des Gaufres", formule surgie au Nord sur base du jeu de mots " Bart de Wafel"...

samedi 2 octobre 2010

Pourquoi la durée de la crise indiffère De Wever : le "temps selon Bart" s'écoule très différemment ...

Quand diable Philippe Muyters, l’actuel Ministre des Finances du Gouvernement flamand, deviendra-t-il le Vice-Premier Ministre NV-A d’ Elio Di Rupo, seul candidat-repreneur du 16?
Et le sera-t-il seulement ?
Une seule certitude: c’est que tous ceux qui égrènent impatiemment le boulier-compteur des jours de crise doivent se persuader d’une chose: Bart De Wever a une toute autre notion du temps.
Celui-ci n’est pas pour lui à l’image de l’horloge qui s’écoule inexorablement.
Le Président de la NV-A a compris que la vie, fut-elle politique, se construit selon nos mouvements, c'est-à-dire ce que nous provoquons.
D’ailleurs, avec Bart De Wever, les ruptures ne sont jamais irréversibles: il laisse juste revenir l’autre vers lui…
Le Soir” de ce ce 2/10 titrait symptomatiquement une fois de plus: “ Les francophones attendent la NV-A”: ben, de fait, rien ne presse pour celle-ci, les flamands jugeant souvent le PS aussi inflexible que ne l'est la NV-A pour le PS.
De Wever a tout son temps, genre “ Tiens, on va voir ou tout cela, ou tout ceci, nous mène et puis on avisera…” N’écartant en fait quasi aucune hypothèse. Y compris celle d’un retour aux urnes pour de nouvelles élections(pas pour un referendum, sa seule angoisse)
Un mental psy très fort parce que De Wever a plein de bonnes cartes en main.
Parce que la bonne situation économique de la Flandre, fut-elle tuméfiée (Opel, etc…),  n’a pas encore de quoi trop le préoccuper. Parce que s’il est l’homme à abattre, on ne peut encore le battre.
Parce que le CD&V, porteur du combat flamand mais dans un cadre belge, semble avoir épuisé cette raison d’être historique; et pourrait se retrouver encore plus nu à l’issue d’un nouveau scrutin. ( l'ex Directeur du Centre d'Etudes des sociaux-chrétiens est d'ailleurs en passe de rejoindre la N-VA). Parce que le Belang étêté se déchire en interne, même si de nombreux analystes le voient rebondir  si la NV-A n’arrachait rien de ce qu’elle a promis à la Nation flamande .
Parce que, loin de voir Bart s’effondrer, les sondages de crise dans une Flandre exaspérée le portent toujours plus haut. Rien d’étonnant à cela d’ailleurs: tout gagnant politique connaît sa période d’ “état de grâce". Une garantie qui vaut généralement pour douze mois, au bout desquels les comportements électoraux peuvent alors changer et précipiter vers le déclin des hommes comme Yves Leterme…
Bart De Wever a le temps parce qu’il a un volontarisme politique devenu inhabituel au pays du compromis porté au mou et aux nues. 
Et des pratiques de négociation déconcertantes autant que madrées. Pour ne pas dire plus, selon d’aucuns(1) Parce qu’il lui faut aussi garder la confiance, non seulement des ultras de son parti mais aussi de ces centaines de milliers de nouveaux électeurs, pour qui la NV-A est tellement attractive.
Ce n’est qu’un détail, mais il en  dit beaucoup. Il faut voir ou est située la toute nouvelle maison que Bart vient d’acheter à Deurne: sur une sorte de presque autoroute urbaine, coincée entre le parking d’ un hypermarché Delhaize, un concessionnaire BMW et la pub rose tapageuse et envahissante d’une firme de crédit hypothécaire. Mais c’est performant– plein de place pour ses quatre enfants dans cette immense bâtisse des années ‘60- et efficace: à deux pas de l’entrée du Ring.
Performant et efficace”: un peu les deux mots clés de la Flandre actuelle.
Chers à tous ces électeurs flamands qui ne sont pas forcément séparatistes à la mode De Wever (c’est à dire le confédéralisme très radical) mais qui votent NV-A juste pour cette “efficacité” qu’on leur a promis, d’ailleurs non sans simplismes.
 Bart De Wever n’a pas peur du temps perdu puisque, pour lui, une négociation peut aussi, tout bonnement, échouer.
Il y en aura bien une autre qui suivra, forcément.
Et les francophones ont tort de le diaboliser jusqu’au grotesque (2): rien de neuf sous le soleil. 
On ne cessera de le rappeler: De Wever applique  au pied de la lettre la stratégie flamande définie par le CD&V Herman Van Rompuy (si, si…) en 2005: à savoir qu’il suffit de dire qu’il n’y aura plus jamais de gouvernement belge sans la  réforme confédérale exigée par le Parlement flamand.
On ferait mieux de l’écouter plus attentivement, Bart : qui a relevé, au Sud, dans sa “leçon  académique” à l’Université de Gand, la petite phrase ou il dit promettre “de défendre becs et ongles la solidarité ” ?
Enorme mensonge destiné à rassurer alors que le vrai but caché serait de supprimer tout transfert ? La méfiance ne doit jamais virer préjugé ou au présupposé. Juste susciter un rapport de forces exigeant et méfiant.
Car avoir du pouvoir, c’est notamment contrôler le temps des autres. Les fatiguer aussi. Et Bart De  Wever mène donc sa barque très lentement, à la perche, lui-même restant au plus loin, ne s'engageant perso jamais trop.
Il a fallu ainsi bien du temps aux négociateurs francophones pour, après qu’ils aient concédé la scission de BHV et régionalisé un bouquet-cadeau de milliards,  ils ne découvrent, un brin stupéfaits, que l’essentiel, pour l’historien d’Anvers, était l’autonomie économique de la Flandre. Via rien de moins que la refonte totale de la loi de financement. Ce qui est tout autre chose que d’échanger des compétences contre des sous pour Bruxelles, alors que celle-ci les mérite par elle-même.
Et, là aussi, Bart De Wever a le temps: parce que, pour lui, ce n’est pas la confiance qui fait naître un accord. Mais celui-ci qui, justement, crée seulement la confiance ou quelque chose qui y ressermble.
La zone d’accord est réduite, mais celui-ci- surtout si Elio et Bart s’emparaient enfin directement du dossier- reste, surtout si on y va par étapes, théoriquement possible. Comme le disent depuis lurette, simulations à l’appui, pas mal d’experts académiques très wallons y voyant même une “meilleure gouvernance” (mais les spécialistes universitaires sont encore moins appréciés par les politiques que les journalistes, c’est dire). 
Reste évidemment à sauter le fossé, plus bloqué que comblé, entre négociateurs du Sud et du Nord.
Elio Di Rupo, fatigué, éreinté, s'est clairement mis en retrait. Et Bart De Wever refuse, pour l'heure, de jouer le premier rôle et, pire, ne prend aucune initiative.
Résultat : l’immobilisme s’avance et on ne sait  plus comment l’arrêter.
 Surtout lorsque le boss de la NV-A prend – toujours sa gestion du temps- bien soin de se tenir loin en réserve et d’envoyer en première ligne des boutefeux genre Ben Weyts dont on ne sait s’ils sont en mission commandée ou simplement incontrôlables. On peut passer des heures à supputer l’interne de la NV-A: quel intérêt si les actes de De Wever en sont la synthèse?
Bart De Wever aura donc le temps pour tout, y compris pour le si sensible dossier des 22 à 25 milliards d’euros d’austérité ou de rigueur. Car pas question pour la NV-A de “laisser-on cite- les francophones les prendre une fois encore dans la poche des gens” via “ une sérieuse augmentation des impôts”. Pour De Wever, bon nombre de ces milliards devront découler d’ économies découlant de sa réforme de l’Etat confédéralisé. Pas question, isolé qu’il serait dans une coalition peu marquée à sa couleur de droite, de risquer une débâcle électorale par des mesures déplaisant à son électorat de classes moyennes conservatrices et de petits patrons flamands. Sur ce point, cela fait longtemps que les partis francophones vendent de la lotion pour chauve:  tous ces milliards, ceux à dépenser dans le peu qui restera des promesses électorales, dans ce qu'il faudra surtout économiser, de ce qu'on accordera à Bruxelles, il faudra bien les trouver quelque part, non ?
Et qui dit “économies de structures” à la NV-A regarde la capitale.  Bart De Wever prendra aussi le temps qu’il faut pour revendiquer à tout le moins, malgré toutes les études in-ter-na-tio-na-les appelées à la rescousse par Charles Picqué, un certain allégement des couches de superposition de ces structures bruxelloises qui font  recenser... 6 mandataires au km carré. Dans une des villes incontestablement les plus malpropres d’Europe. Un cauchemar institutionnel que les  plus lucides des francophones bruxellois- sans parler des wallons- ne défendent plus vraiment, conscient du caractère  insupportable pour l'opinion. ( ah, ce Gouverneur fantomatique de Bruxelles...) Sans être pour autant naïfs quant aux volontés de conquête flamande.

Bart De Wever prendra son temps, et même encore plein de contretemps, pour tout cela. Ne pas déboucher sur un compromis n’autorise pas à hurler au chaos:  l’absence d’accord ne signifie pas automatiquement le boxon.
Et si cette longue négociation-ci perd un jour de son sens,  il n’y verra évidemment rien de grave: puisque les statistiques des GSM (2% de trafic seulement Nord-Sud ou Sud-Nord selon la nouvelle GSMocratie)  confirment son discours récurrent, il sera prêt, soyons-en sûr, à débattre- toujours aussi impavide- de la séparation de ces deux démocraties belges.
Qui ne se parlent donc même plus, malgré tous les efforts de Proximus, Base et autres Mobistar. 

 Bonus:
(1) L’Ecolo Marcel Cheron a dit : “ Je n’ai jamais connu une telle déloyauté, du moins à ce point là…
(2) L’acteur wallon Olivier Gourmet, qui se "fout d'être belge” et qui  a fait par deux fois son cinéma d’horreur contre De Wever ces heures-ci (" De Wever, c'est un fasciste que j'associe à des monstres comme Hitler” a-t-il finement lâché à L’Avenir”) devrait améliorer son peu de culture politique: il saurait que les admirateurs du Fuhrer se situent plutôt au Vlaams Belang.
On méconnaît trop que la NV-A est l'ennemie jurée du Belang
Et que la NV-A démocratique de Bart De Wever, “l’ami” de la présidente des socialistes flamands, a rendu en juin  ce très grand service à la Flandre de laminer le Belang fascisant, lui faisant perdre près de 300.000 voix. Gourmet, qui habite Mirwart, dans le Namurois, en ignore d'évidence tout: miroir, ô  mon beau miroir, faites surtout qu’on parle de moa…